La mission de Shawinigan en France, en juin dernier, nous a permis de partager notre expertise dans le développement d’une culture entrepreneuriale portée par la synergie des leaders et acteurs clés et axée sur les thématiques du goût d’entreprendre et de l’esprit d’entreprise.
L’expérience de Shawinigan en matière d’entrepreneuriat a reçu un enthousiasme impressionnant de villes comme Dunkerque, Nice et Bordeaux qui veulent profiter de notre expertise pour créer leur communauté entrepreneuriale. Cette ouverture fait aussi écho au ministère de l’Éducation nationale en France qui voit dans l’expertise de la Commission scolaire de l’Énergie, de nos collèges et de notre université des pistes d’action afin que le monde scolaire emboîte le pas. Du coup, nos cousins comprennent mieux, comme nous, que l’école est essentiellement là pour préparer la relève et former des citoyens actifs dans leur communauté!
Notre séjour en France nous a permis, au maire Angers et à moi, de prendre acte des moyens et outils développés par le BGE en France, l’équivalent des CLD au Québec, pour soutenir les quelque 17 000 startups développés chaque année dans ce vaste pays.
Une autre réalité nous a charmés, celle qui permet aux aînés de jouer pleinement leur rôle dans la dynamique des communes, l’équivalent de nos villes québécoises. En France, être âgés ne constitue pas un obstacle à l’engagement citoyen. Il n’est pas rare d’observer des mentors de 60, 70 et 80 ans être aux premières loges des grandes stratégies de mobilisation. Je dirais même que leur expertise est sollicitée, encouragée et saluée. Monsieur Jacques Dussart a 91 ans bien sonnés. Il vient de quitter la présidence régionale de BGE mais il milite toujours au sein de différents organismes. Il a œuvré dans le monde de la sidérurgie et a aidé à reconvertir économiquement quatre territoires français. Les visiteurs se succèdent à sa porte pour venir chercher des conseils. Il jouit d’une longue expérience gagnée au fil du temps à travers les communes et agglomérations françaises qui cherchaient à reconvertir leur économie après le départ des grandes industries.Image may be NSFW.
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Étrange que de ce côté-ci de l’Atlantique on soit plutôt porté à monter la porte aux aînés dès que le glas de la retraite officielle a sonné. C’est même un réflexe pour nous de se sentir de plus en plus dépassés quand de jeunes loups revendiquent les rennes du pouvoir.
On a compris en France que certains vins s’enrichissent avec le temps. On a aussi compris, du moins davantage compris qu’ici au Québec, que la maturité, l’expérience et l’équilibre que procure le temps, devient une richesse qu’il faut…
Cela me ramène à une réalité québécoise encore peu connue en dehors du secteur socioéconomique, celle du mentorat d’affaires. Les mentors sont des accompagnateurs bénévoles qui jouissent d’une grande expérience et qui acceptent d’aider de jeunes entrepreneurs dans le développement de leur savoir-être et de leur savoir-devenir. Ils contribuent à combattre l’isolement dont sont victimes les jeunes entrepreneurs en offrant une oreille attentive, en posant les bonnes questions et en permettant à leurs protégés d’avoir accès à leur réseau. Ici à Shawinigan, la cellule de mentorat est habillement coordonnée par ma collègue Johanne Caron, de la Division de Développement économique de la Ville de Shawinigan, à partir du Centre d’entrepreneuriat Alphonse-Desjardins. En compagnie de 14 mentors, la cellule, démarrée en octobre 2012, accompagne environ 37 jeunes entrepreneurs et très bientôt 6 nouvelles dyades seront formées. De ce nombre, 4 dyades se spécialisent en relève d’entreprises avec le concours du Centre de transfert d’entreprise nouvellement installé au centre d’entrepreneuriat.
Les mentors peuvent énormément apporter à leurs protégés. Les retombées sont indéniables : diminution du stress, précision des objectifs et des priorités d’action, recentrage, meilleures connaissances des enjeux, développement de l’introspection, capacité de recul face aux événements et situations sans compter ce petit quelque chose qui s’apparente à la sagesse et à la profondeur de l’être.
Les Français ont bien compris toute la valeur que procurent l’âge et l’expérience. Comme pour leurs vins de garde que nous apprécions tant, ils ont emprunté cette formule québécoise du mentorat d’affaires à la Fondation de l’entrepreneurship qui célèbre les 15 ans du mentorat ces jours-ci. La formule est gagnante, elle permet aux anciens de donner au suivant, un peu comme avec monsieur Dussart qui a marqué tant de personnes grâce au don de soi.